Enfants des rizières Français de papier

Fin 1952, à Paris, en pleine guerre d’Indochine, maman qui avait subi de nombreuses agressions racistes verbales, durant plusieurs mois, refusa les démarches accélérées de naturalisation proposées par le colonel Germain à papa ; elle demanda alors à notre père de faire rapatrier la famille, pour la protéger et la mettre en sécurité, au Vietnam, son pays d’origine.


« Il y avait le faciès, le nom, le prénom, la couleur de peau, l’origine, qui pouvaient poser problème à certains qui considéraient la France comme une terre éternellement blanche, de tradition chrétienne. Comment faire dès lors, si vous veniez d’ailleurs ?  Quand vous avez les yeux bridés, la peau mate et que vous êtes bouddhiste, une simple naturalisation suffirait-elle à faire de vous des Français à part entière ?» interrogea maman. 


   Tout au long de ce récit « Enfants des rizières – Français de papier - Histoire d’une migration », vous allez suivre le long parcours de la naturalisation et de l’intégration de cette famille aux origines lao et vietnamienne dans la société française. Après avoir vécu les profonds bouleversements de la fin de la 1ère Guerre d’Indochine au Vietnam, la famille subira la violence, au sein de la population lao, de multiples coups d’Etat fomentés par des généraux de l’armée royale lao à la solde de l’armée américaine et des services secrets de la CIA, prenant la relève du pouvoir colonial français en Indochine. 

Les Etats-Unis provoqueront la 2ème Guerre d’agression contre les peuples du Vietnam, du Laos et du Cambodge ; une guerre meurtrière qui durera jusqu’en 1975, et qui sera condamnée par le Général de Gaulle dans son discours de Phnom Penh du 1er septembre 1966 sur le droit à l’autodétermination des peuples d’Indochine.


Dans ce livre, vous découvrirez bon nombre de pages sombres de l’histoire de la colonisation française extirpées des archives mais toujours ignorées dans les livres scolaires imposés par les Ministères de l’Education et de l’Enseignement supérieur. 


   L’auteur parle du vécu mouvementé de sa famille durant le long parcours entre les rizières indochinoises, la guerre, et le pays d’accueil, la France.


   L’auteur donne surtout à voir une autre perception de l’histoire coloniale de la France, ou plutôt des deux France,
celle de Jules Ferry, homme politique important de la IIIème République, qui a justifié la colonisation en 1885, à la Chambre des députés, en déclarant : « les races supérieures ont le devoir de civiliser les races inférieures » ; et la France de Jules Roy, célèbre journaliste, écrivain renommé, ayant obtenu de nombreux prix littéraires, ancien résistant contre le nazisme, officier avec le grade de Colonel, après avoir été témoin des crimes du corps expéditionnaire au Vietnam, jugeant que l’armée française se déshonorait par les massacres de masse, la torture utilisée dans cette guerre, en juin 1953, il a démissionné de l’armée coloniale en déclarant : « Ce n’était vraiment pas la peine d’avoir fait la guerre contre les nazis pour devenir à notre tour les nazis de l’Indochine ».

   

   En France, dans les années 1950, d’autres intellectuels, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir des Temps modernes, ou la rédaction de Témoignage chrétien, de l’Humanité, se sont opposés à la 1ère guerre d’Indochine. Sans compter les militants syndicaux et politiques ou de simples citoyens, arrêtés, emprisonnés pour avoir manifesté et demandé : « La paix en Indochine ! ». 

Mais la majorité des Français soutenait les différents gouvernements engagés militairement dans cette guerre de reconquête, en oubliant les souffrances du peuple français sous l’occupation de l’armée allemande entre 1940 et 1945. 

   

   Combien de Français savent que l’armée coloniale française a occupé l’Indochine durant près d’un siècle, de 1858 à 1954, infligeant aux peuples du Vietnam, du Laos, du Cambodge, les mêmes horreurs (massacres de civils, tortures, villages incendiés, viols…) que celles infligées par les soldats allemands et les nazis aux Français ? 


   Dans un va-et-vient permanent entre la petite histoire de sa famille et la grande Histoire de France, Robert Phan tente de rétablir une certaine vérité historique trop souvent occultée dans les livre scolaires, avec l’objectif de rassembler les Français dans l’acceptation d’une Histoire commune, pour mieux bâtir en toute transparence, un destin commun, solidaire et fraternel, imprégné d’un brin de philosophie bouddhiste, tolérante et pacifique. 

   Il pose de nombreuses questions  ouvertes sur son identité française, son identité 

bourbonnaise, des questions qui rejoignent celles posées par l’ensemble des familles, issues des anciennes colonies d’Afrique et d’Asie, devenues françaises par naturalisation


Enfants des rizières
, c’est l’histoire de migrants indochinois devenus Français, après Diên Biên Phu, après la décolonisation et les Accords de Genève de 1954 sur le Vietnam, le Laos et le Cambodge. 

   Comment cette famille lao-vietnamienne est-elle devenue une famille naturalisée française ? Quelles ont été les multiples étapes de sa migration, de son intégration dans la société française, dans le Bourbonnais et en région parisienne ? 


   La République française rassemble des histoires diverses et complexes de familles d’immigrés, devenus Français, originaires de tous les continents. Ce brassage des origines, cet arc-en-ciel des cultures constitue une immense richesse pour la France.


   Cette famille de Français naturalisés après la décolonisation, comment s’est-elle adaptée à la société française, a-t-elle souffert de discriminations ? 

   Après quatre générations, ces Français issus des Enfants des rizières sont-ils devenus des Français à part entière ?



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