Mon univers littéraire

J’aurais pu choisir d’écrire d’autres histoires vécues, innombrables,  mais la priorité était de révéler quelques vérités sur les trajectoires complexes d’intégration de Français venus des anciennes colonies d’outre-mer, avec le récit du long parcours de notre famille tout à fait singulier, semé d’embûches diverses, de remarques à caractère raciste, de discriminations humiliantes comme lors de mon renouvellement de carte d’identité en 2007, à la mairie de Sannois dans le Val d’Oise. 

   En 2007, j’étais déjà naturalisé français depuis plus d’un demi siècle ! Et pourtant, au guichet, l’agent communale du service de l’Etat civil a exigé que j’aille, au préalable, au Tribunal d’Instance demander un certificat de nationalité française ! On venait de m’exclure d’un revers de main de la Nation française. Par ce diktat, on m’excluait de la communauté française que j’ai toujours défendue par mes engagements sociaux et politiques : Liberté, égalité, fraternité. 

En une seule parole raciste, j’étais devenu un Français de seconde zone, un Français entièrement à part, un étranger dans mon propre pays !

   

   Alors s’il m’est venu l’envie d’écrire, ma priorité, c’est d’abord de répondre, de riposter aux racistes de tous bords en racontant le vécu, trop souvent contrarié, de personnes pacifiques, tolérantes, travailleuses, dont le principal désir est de contribuer à notre destin commun de bâtir ensemble une République française unie, laïque, sans distinction d’origine, ni de couleur de peau, et de devenir des Français et Françaises à part entière avec comme devise « Liberté, égalité, fraternité ».


   Riposter par l’écriture, c’est tenter de faire comprendre que les enfants, petits-enfants des indigènes, des colonisés d’hier qui ont combattu en première ligne pour défendre la République française ont autant de droits, sinon davantage, que les descendants des collabos du régime de Pétain.   

 

   Mon univers littéraire est rempli de recherches  historiques pour déterrer des vérités enfouies, cachées depuis des décennies au peuple français. 

Dans mes livres, souvent « politiquement incorrects », je dénonce bon nombre d’hypocrisies et de cynismes, je combats les mensonges d’Etat sur la colonisation, le récit officiel du devoir « des races supérieures à civiliser les races inférieures ». 


   Pour décortiquer le cheminement du racisme postcolonial qui perdure en France, pays des droits de l’Homme et du citoyen, je m’appuie essentiellement sur des textes classiques, tels que le « Discours sur le colonialisme » d’Aimé Césaire ou bien « Le procès de la colonisation française » de Hô Chi Minh (livre longtemps interdit en France), ou « Le calendrier des crimes de la France d’Outre-mer » de Jacques Morel ; et bien évidemment sur de nombreux documents du Ministère de colonies (de l’époque coloniale).

Mes intentions en tant qu'auteur 

Ecrire, pourquoi faire ? Ecrire à l’approche de la fin de vie, n’est-ce pas une manière de vouloir laisser sur Terre une trace de soi pour quand on se sera évaporé dans la nature, parti en  poussières sur les flots ? Il restera alors des mots.

Ecrire est donc un prétexte pour exprimer le désir incompressible de vouloir exister après la fin du voyage, de rendre immortelle son âme, sa pensée, quand le corps aura brûlé et sera réduit en cendres et en fumées. 

   Ecrire, comment tout ça a commencé ? Cela faisait  un bon bout de temps que l’écriture me trottait dans la tête. Mais entre l’envie d’écrire et la réalisation d’un livre, il y a tout un monde ! Et puis écrire, mais quoi ? Quels sujets, quelles priorités ? Et pour quel lectorat ?

   Au début, cela remonte déjà à trente ans, j’avais la quarantaine, juste après la chute du Mur de Berlin, et tout un univers de luttes, de rêves et d’utopies, qui s’écroulait, du moins à mes yeux. Après des années de certitudes, le doute m’envahissait et je commençais à comprendre que nous vivions dans un monde de mensonges, d’hypocrisies et de cynismes. Je voulais prendre du recul, réfléchir, analyser mes erreurs, comprendre le piège idéologique dans lequel je m’étais enfoncé. Tirer des leçons de cet engagement de jeunesse pour mieux affûter mon sens critique ; mieux relativiser ma perception des choses de la vie.

 

  A 40 ans, j’avais accumulé un certain nombre d’expériences de vies, diverses, contradictoires, parfois. Des expériences d’éveil que je voulais raconter. J’espérais pouvoir les écrire, les coucher sur papier, en faire un livre, pour témoigner, pour dénoncer les hypocrisies et les mensonges d’Etat qui m’étaient devenues insupportables. Mais toutes les vérités sont-elles bonnes à dire ? Cette question m’a souvent hanté, concernant les crimes de la colonisation française. D’autant que j’étais conscient du fait que chaque Etat a toujours tendance à condamner les crimes des autres Etats, tout en minimisant, voire en niant, ses propres crimes. 

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